La galerin Perrotin présente une exposition de Laurent Grasso jusqu'au 8 ocotbre 2018. Le visiteur peut y voir entre autres "Otto", une vidéo réalisée à l’invitation de la 21e Biennale de Sydney (2018), tournée en novembre 2017 dans le désert australien, sur des sites sacrés des environs de la communauté de Yuendumu.
Vous pouvez lire ici l'excellent article de Stéphane Renault (Télérama) qui a rencontré l'artiste.
Laurent GRASSO OttO, solo show Galerie Perrotin, Paris 06 septembre - 06 octobre 2018
Originaire de Yuendumu dans le désert central australien, Helen Reed Napangardi évoque avec cette œuvre le Rêve de Mina Mina qui appartient aux femmes Napangardi et Napanangka, deux clans féminins du groupe des Warlpiri.
Cet épisode se produisit au « Temps du Rêve » - temps mythique de la création du monde pour les Aborigènes - dans la région sacrée de Mina Mina, à l’ouest de Yuendumu. Alors qu’un groupe de femmes Ancêtres de tous âges ramassait de la nourriture et collectait de la ngalyipi (ou vigne-serpent, sorte de liane qu’on utilise comme une cordelette pour accrocher des sacs sur ses épaules ou même comme remède contre les maux de tête) tout en célébrant des cérémonies, des bâtons à fouir (karla-ngu) sortirent du sol. Elles s’en saisirent puis continuèrent leurs pérégrinations en dansant et en créant des sites sacrés - rochers, points d’eau, etc. - tout au long de leur voyage mythique qui les emmena très loin des limites de leur territoire clanique, jusque dans le Queensland.
Les symboles peints sur la toile font référence aux différents épisodes de l’histoire. Ainsi, les lignes sinueuses qui entourent les formes oblongues sur le tableau représentent la ngalyipi, tandis que les cercles concentriques symbolisent les truffes du désert.
Comme la plupart des artistes du Désert Central, Helen Reed a recourt à la technique du "dot painting" (ou « pointillisme ») propres aux toiles « satellitaires » du désert. À l’origine, ces pointillés servaient à souligner les contours des objets et des lieux représentés. Sur toile, leur usage a vite été systématisé au point de devenir la « marque de fabrique » de la peinture aborigène contemporaine. Dans le même temps, chaque artiste propose sa version du pointillisme, et la maîtrise de cet art est devenue aussi l’un des critères d’appréciation des œuvres.
Vous pouvez voir cette peinture pointilliste ainsi que d'autres oeuvres aborigènes dans la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob, Paris. Prendre un rendez-vous.
L'anthropologue Mervyn Meggit s'installa pour dix mois entre 1953 et 1954 dans la communauté de Lajamanu afin d'étudier la culture des Aborigènes Warlpiri qui y avaient été installés par le gouvernement australien.
Il demanda à 21 hommes et femmes de dessiner. Le résultat marque les prémices de la naissance de l'art aborigène contemporain (il y en eu d'autres ailleurs) qui aura lieu au début des années 1970 à Papunya, dans le désert central.
L'oeuvre reproduite ici est un formidable exemple de la poésie avec laquelle les artistes du désert représentent l'indicible. En effet, Larry Jungarrayi a choisi de mettre au centre de sa composition le grillage anti-mouches posé sur les fenêtres du logement du surintendant (un Blanc) de la communauté afin de représenter la maison de celui-ci. L'homme avait ainsi été le plus éberlué, non pas simplement par le fait que des hommes fabriquent des "boîtes" pour se loger, mais par le fait que ceux-ci aient besoin de se protéger - ou de se couper ? - de leur environnement pour se sentir à l'aise.
L'autre artiste qui marqua Mervyn Meggit par la qualité de ses oeuvres était Abie Jangala. Nous sommes fiers d'avoir faciliter l'accès d'une de ses oeuvres dans les collections du musée des Confluences (Lyon). Pour la voir, c'est ici.
Pour voir des oeuvres contemporaines des artistes Warlpiri installés depuis à Yuendumu, cliquez ici.
Quelques artistes du groupe familial des Aborigènes Warlpiri qui vivent maintenant pour beaucoup à Yuendumu, non loin d'Alice Springs, sont détenteurs d'une légende qu'ils célèbrent régulièrement : "Ngarlu Jukurrpa".
Au Temps du Rêve, Lintipilinti - un homme Jungarrayi - qui vivait au lieu dit du “rocher rouge” (Ngarlu), à l’Est de Yuendumu, tomba follement amoureux de sa belle-mère, une femme Napangardi, parce qu’il avait été subjugué par le trou formé dans le sol par l’urine de celle-ci. Or cet amour était impossible du fait de lois claniques. Il se demanda malgré tout comment il pourrait la charmer et décida de tresser des cordelettes faites avec ses propres cheveux pour les lui offrir, et ce faisant, se mit à chanter. La femme Napangardi commença à souffrir d’insomnie et à se sentir mal, elle comprit alors qu’un homme était en train de chanter des chants d’amour (Yilpinji) pour elle. Une envie irrépressible la fit aller voir son prétendant. Lorsqu’ils se rencontrèrent enfin, ils firent l’amour, mais comme leur union était interdite, ils furent transformés immédiatement en deux rochers que l’on peut voir aujourd’hui à Ngarlu.
Les femmes qui avaient osé parler de cette histoire tabou furent transformées en fuschias. Ces fleurs très appréciées des Aborigènes pour leur goût sucré se trouvent encore de nos jours en abondance au lieu sacré de Ngarlu.
Andrea Martin est l'une des femmes détentrice de ce "Rêve" qu'elle a représenté plusieurs fois dans son oeuvre. La toile reproduite ici montre combien des symboles paraissant totalement abstraite aux novices forment en fait un véritable alphabet. Ainsi, les formes en « U » que l’on retrouve aux quatre coins de la toile représentent les participants à la cérémonie consacrée au Rêve de l’Amour qui se déroule sous nos yeux. Le « U » au centre de la toile, entouré de bâtons à fouir, de boomerangs et d’un bouclier (forme ovale) est un homme ; la forme en « U » qui lui fait face symbolise une femme car elle est entourée d’un bâton à fouir et d’un coolamon, sorte de panier utilisé pour récolter des baies ou bien transporter les bébés. Le cercle concentrique au centre représente le site de Ngarlu. Enfin, l’objet relié au centre de la peinture et qui semble avoir plusieurs pieds est en fait un fuseau autour duquel sont enroulés des cheveux, utilisé pendant les cérémonies sacrées il permet aux participants d’attirer les esprits amoureux.
"Lignes de vie. Art contemporain des Autochtones d'Australie"
Une formidable exposition réalisée par le Musée de la civilisation en collaboration avec le Kluge-Ruhe Aboriginal Art Collection de l'Université de Virginie.
Vibrante et colorée, Lignes de vie rassemble près d'une centaine d'œuvres choisies par la commissaire invitée Françoise Dussart, professeur à l'Université du Connecticut.
Les oeuvres exposées sont d'une grande qualité et représentent un panorama de la production artistique aborigène contemporaine. Des peintures sur écorce en passant par les toiles de la communauté de Yuendumu, les estampes d'Alick Tipoti, les oeuvres de street art de Reko Rennie ou encore des statuettes de la communauté d'Yirrkala, cett exposition fait état de la création du monde selon les Autochtones d'Australie et exprime leur dialogue constant avec tout ce qui les entoure.
Une exposition réalisée par le Musée de la civilisation en collaboration avec le Kluge-Ruhe Aboriginal Art Collection de l'Université de Virginie.
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Le blog de la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob, Paris
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Stéphane Jacob, diplômé de l'Ecole du Louvre, spécialiste de l'art australien contemporain, expert C.N.E.S. en art aborigène, a créé en 1996 la galerie Arts d'Australie · Stephane Jacob en France à Paris dans le XVIIe arrondissement. Expert en art aborigène.
Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.) -
Membre du Comité Professionnel des Galeries d'Art -
Officier honoraire de l’Ordre d’Australie
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