Les œuvres d’Ampilatwatja témoignent d’une grande maîtrise du « dot painting » par leurs créatrices. Mais elles font aussi appel à d’autres méthodes, comme celle qui consiste à utiliser une aiguille comme pinceau, technique héritée du batik sur soie qui fut leur premier moyen de représenter leurs « Rêves » ou légendes.
Comme dans les autres communautés aborigènes, les tableaux sont dédiés à la célébration de leur territoire et des richesses mythiques et naturelles dont il recèle, notamment les graines - symboles de fertilité, thème central de cette oeuvre.
Barbara Long Ngwarraye fait plus particulièrement référence aux graines comestibles de Ntang, un arbre endémique de l’Australie. De nos jours, les Aborigènes étendent une bâche sur le sol et tapent l’arbre pour en faire tomber les graines. Une fois celles-ci ramassées, on les pile dans un mortier à l’aide d’une pierre à broyer (souvent transmise de génération en génération) puis on les mélange à de l’eau afin d’en obtenir un pâton que l’on fera cuire ensuite sous la braise.
Dorothy Napangardi était l'une des artistes majeures du mouvement de l'art aborigène contemporain, dont les oeuvres sont très prisées dans le monde entier autant par les collectionneurs que les conservateurs de musées.
L’artiste célèbre ici dans un style pointilliste un épisode du Temps mythique du Rêve durant lequel les Femmes Ancêtres Napanangka et Napangardi se rassemblèrent dans la région de Mina Mina. Sur un lac d’eau salée asséché elles ramassèrent des bâtons à fouir sortis de terre, puis partirent vers l’Est dans une procession mystique, chantant et dansant le long des différentes pistes de Rêves qui s’entrecroisent.
Ce sont ces pérégrinations que Dorothy évoque dans cette toile : les multiples points décrivent les marais salés asséchés environnants, mais sont aussi une mosaïque qui cartographie le mouvement des Femmes-Ancêtres.
Collections publiques où l'on peut voir les oeuvres de Dorothy Napangardi :
Art Gallery of South Australia, South Australia, Australie
Linden Museum, Stuttgart, Allemagne
Metropolitan Museum of Art, New York, USA
Musée des Confluences, Lyon, France
Museum and Art Galleries of the Northern Territory, Darwin
National 118th National Aboriginal and Torres Strait Islander Art Awards, Darwin
National Gallery of Australia, Canberra, ACT, Australie
National Gallery of Victoria, Victoria, Australie
Queensland Museum, QLD, Australie
South Australian Festival Centre Foundation, Adelaide, Australie
The Australia Council Collection, Sydney, Australie
The Erskine Collection, NSW, Australie
The Homesglen Institute of TAFE Collection, Victoria, Australie
The Kaplan-Levi Collection, Seattle, USA.
The Kelton Foundation, Santa Monica, LA, USA.
The Kerry Stokes Collection, Perth, WA, Australie
The Vroom Collection, Hollande
La peintre aborigène australienne Theo Hudson Nangala présente avec ce tableau sa version du Rêve de Pikilyi, un site sacré où se trouvent un trou d’eau et un ruisseau, non loin de Yuendumu. La légende dit qu’un couple de Serpents Arc-en-ciel y vivait. Des femmes venaient enlever des poux attachés aux corps des deux êtres mythiques qui, en échange, leur donnaient le droit de prendre de l’eau dans le ruisseau. Les Aborigènes célèbrent encore de nos jours des cérémonies dans ce lieu où résident toujours les esprits de ces deux serpents.
L'artiste a utilisé un bâtonnet afin d’apposer des pointillés et également un pinceau pour peindre des lignes colorées. L'ensemble allie sûreté du trait et richesse des couleurs pour donner naissance à une oeuvre qui vibre.
PALPITATIONS ET CHUCHOTEMENTS
Abie Loy Kemarre & Pierre Ribà
au "6, Mandel" / 6, avenue Georges Mandel - Paris 16 /
Vernissage : mardi 6 novembre 2018 de 17h à 22h
Exposition du 7 novembre au 15 décembre 2018
Entrée libre par le 1, rue Greuze du mardi au samedi de 14h à 19h
(sauf en cas de privatisation ponctuelle du lieu)
Proche parente des femmes artistes qui ont fait la renommée de l’école d’Utopia - Ada Bird Petyarre, Gloria Petyarre, Kathleen Petyarre et Emily Kngwarreye – et membre comme elles du clan Anmatyerre, Abie Loy Kemarre est née en 1972 dans cette communauté située, au cœur du désert australien, à 275 kms au nord-est d’Alice Springs.
Elle a commencé à peindre en 1994 sur les conseils de sa grand-mère, la célèbre Kathleen Petyarre, qui l’a guidée dans ses premiers travaux, inspirés des « rêves » dont elle est la gardienne rituelle : principalement celui de la “ poule du bush ” (Bush Hen Dreaming) - en fait un volatile assez proche de la dinde et qui, comme beaucoup d’animaux en Australie, a une valeur totémique pour certains clans aborigènes - et celui de la “ Bush Leaf ” dont cette toile est la célébration.
Abie Loy a en effet rapidement acquis une manière propre qui rend son travail hors norme et explique la présence de ses oeuvres aussi dans des institutions publiques australiennes qu'à l'étranger :
•The Metropolitan Museum, New York
•Musée des Confluences de Lyon
•Bridgestone Museum of Art, Tokyo, Japon
•Seattle Art Museum, Seattle
•Fondation Colas, Paris, France
•The Art Gallery of South Australia, Australie
•The National Gallery of Victoria, Victoria, Australie, etc.
On notera également la présence d'une de ses oeuvres dans la collection très pointue de la Fondation Colas à Paris.
L'exposition au "6, Mandel" marque une occasion rare de voir près de 20 oeuvres de l'artiste exposées au côté des sculptures de Pierre Ribà. Si rien ne prédisposait ces deux artistes à exposer un jour ensemble, leurs œuvres se côtoieront pendant plus d’un mois au 6, Mandel. Elles ont cela en commun de puiser leur force dans les origines du monde, le magma en fusion que Ribà dompte, la vibration de la terre qu’Abie peint. La confrontation est envoûtante.
Mary Jane Dixon NAPANGARDI vit dans la communauté de Yuendumu, à 250 kms au nord-ouest d’Alice Springs. Avec cette toile de style pointilliste (dot painting) cette artiste aborigène évoque le rêve (Jukurrpa) de la Lukarrara (une graminée), qui appartient aux femmes Nakamarra et Napurrurla, deux clans féminins de l’ethnie Warlpiri, et est rattaché au site sacré de Jaralypari, au nord de Yuendumu.
Comme souvent dans le désert central, l’artiste n’a pas donné d’explications sur le rêve qui lui appartient car seuls les initiés aborigènes ont le droit d’en connaître les tenants et les aboutissants. On sait simplement que la Lukarrara est une herbe dont les graines sont comestibles, d’où l’importance symbolique de celle-ci dans un milieu si hostile.
Rappelons qu’à l’origine, les Aborigènes créaient des peintures sur sol à l’occasion de cérémonies religieuses. Les pointillés servaient à souligner les contours des objets et des lieux représentés. Sur toile, leur usage a vite été systématisé au point de devenir le style qui a fait connaître la peinture aborigène contemporaine de par le monde. Dans le même temps, chaque artiste propose sa version du dot painting, et la maîtrise de cet art est devenue aussi l’un des critères d’appréciation des œuvres.
Le musée La Grange propose une nouvelle fois une très belle exposition centrée sur les arts indigènes australiens (aborigène & insulaire du détroit de Torres).
Le visiteur pourra avoir un aperçu de la riche collection du musée qui s'attache à présenter depuis ses débuts les nombreux styles d'arts australiens qui ne se limitent pas au célèbre pointillisme (ou dot painting) créé par les artistes du désert.
Vous pourrez ainsi voir des sculptures ghostnet, des peintures de la communauté de Lockhart River, des estampes provenant du détroit de Torres, des oeuvres d'artistes Tiwi, des peintures sur écorce, etc.
Originaire de la communauté de Yuendumu dans le Désert Central, Maria Brown NAMPIJINPA représente avec cette toile le Rêve de Pamapardu, ou “Fourmi Volante” en dialecte Warlpiri.
Ces insectes vivent dans des fourmilières géantes (Mingkirri) qui sont submergées par l’eau à la saison des pluies. C’est alors que les ailes des fourmis poussent, leur permettant de voler avec leur reine vers d’autres contrées où elles pourront bâtir à nouveau d’autres fourmilières. Lorsqu’elles ont trouvé leur nouvel habitat, leurs ailes tombent. Ces fourmis sont mangées par les varans et les lézards mais également par les femmes aborigènes qui les apprécient beaucoup pour leur goût sucré.
La connaissance intime des mythes du Temps du Rêve - le temps de la Création pour les Aborigènes - n’étant accessible qu’à la suite d’une série de cérémonies religieuses, Maria Brown n’a pas souhaité commenter son oeuvre. Néanmoins, on sait que pour cette histoire précise, les cercles concentriques sont utilisés pour représenter des nids de termites ainsi que des réservoirs naturels d’eau, alors que les petits points qui les entourent créent des formes évoquant les ailes des insectes.
Cette oeuvre sera exposée au Bourgogne Tribal Show
Les œuvres de Damien Hirst de la série «the Veil series » ont provoqué beaucoup d’émotion dans le milieu de l’art aborigène.
En effet, l’artiste britannique, représenté par la Galerie Gagosian, a présenté en mars 2018 un ensemble de vingt-quatre toiles pointillistes qu'il a peintes en 2017. Si ces motifs évoquent d’après Damien Hirst des influences du Post Impressionnisme, mis au point par Seurat, Signac ou Bonnard, leur ressemblance avec les œuvres de l’artiste aborigène Emily Kame Kngwarreyeest plus que troublante.
C’est pour cela que des artistes de la communauté d’Utopia, dont Barbara Weir, proche parente d’Emily, se sont récemment indignées de la proximité des styles. Difficile d’être en désaccord avec elles lorsque l’on compare les dernières œuvres de Damien Hirst avec celles d’Emily ou bien encore celles de Polly Kngale. Quand en plus de cela on sait qu’une œuvre de 8 mètres de long peinte par Emily a été exposée à la Royal Academy de Londres en 2013 et que sa réputation à l’internationale n’est plus à faire….
Néanmoins, tout utilisateur d’internet se voit inondé de milliers d’images tout au long de l’année qui entrent dans son inconscient et influencent son ressenti et son humeur sans qu’il s’en rende compte. De même, tout créateur se voit forcément lui-même influencé par ce flot d’image sans forcément s’en rendre compte...
Il est malgré tout difficile de ne pas comprendre l’émotion suscitée par cette affaire chez les membres de la communauté d’Utopia pour qui une oeuvre n’est pas simplement appréciée pour sa qualité esthétique mais également – et avant tout – pour l’histoire sacrée qu’elle représente et qui est la propriété inaliénable du membre d’un groupe familial.
La vente aux enchères organisée à Londres le 14 mars dernier par Sotheby’s atteste de l’intérêt toujours grandissant pour l’art aborigène sur la scène internationale. En effet, cette vente qui réunissait des acheteurs venus du monde entier a permis de battre de nouveaux records dans le domaine.
Premier constat : la cote d’Emily Kame Kngwarreye ne cesse d’augmenter. Sa toile Kame-Summer Awelye II, 1991 était le lot phare de la vente et a été adjugée pour £309,000 (AUD $547,391), devenant ainsi la deuxième oeuvre la plus chère de l’artiste.
Ces lots provenaient de deux collectionneurs réputés : l’Américain Dennis Scholl et le Suisse Stefano Spaccapietra, tous deux attachés, comme Sotheby's et nous-mêmes, à la provenance de leurs œuvres. Ainsi, toutes les œuvres aborigènes contemporaines provenaient exclusivement de centres d’art ou de sources honorablement connues sur la place.
Voir ici le compte-rendu de la vente en anglais écrit par Jane Rafan.
Originaire de Yuendumu dans le désert central australien, Helen Reed Napangardi évoque avec cette œuvre le Rêve de Mina Mina qui appartient aux femmes Napangardi et Napanangka, deux clans féminins du groupe des Warlpiri.
Cet épisode se produisit au « Temps du Rêve » - temps mythique de la création du monde pour les Aborigènes - dans la région sacrée de Mina Mina, à l’ouest de Yuendumu. Alors qu’un groupe de femmes Ancêtres de tous âges ramassait de la nourriture et collectait de la ngalyipi (ou vigne-serpent, sorte de liane qu’on utilise comme une cordelette pour accrocher des sacs sur ses épaules ou même comme remède contre les maux de tête) tout en célébrant des cérémonies, des bâtons à fouir (karla-ngu) sortirent du sol. Elles s’en saisirent puis continuèrent leurs pérégrinations en dansant et en créant des sites sacrés - rochers, points d’eau, etc. - tout au long de leur voyage mythique qui les emmena très loin des limites de leur territoire clanique, jusque dans le Queensland.
Les symboles peints sur la toile font référence aux différents épisodes de l’histoire. Ainsi, les lignes sinueuses qui entourent les formes oblongues sur le tableau représentent la ngalyipi, tandis que les cercles concentriques symbolisent les truffes du désert.
Comme la plupart des artistes du Désert Central, Helen Reed a recourt à la technique du "dot painting" (ou « pointillisme ») propres aux toiles « satellitaires » du désert. À l’origine, ces pointillés servaient à souligner les contours des objets et des lieux représentés. Sur toile, leur usage a vite été systématisé au point de devenir la « marque de fabrique » de la peinture aborigène contemporaine. Dans le même temps, chaque artiste propose sa version du pointillisme, et la maîtrise de cet art est devenue aussi l’un des critères d’appréciation des œuvres.
Vous pouvez voir cette peinture pointilliste ainsi que d'autres oeuvres aborigènes dans la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob, Paris. Prendre un rendez-vous.
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Le blog de la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob, Paris
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Stéphane Jacob, diplômé de l'Ecole du Louvre, spécialiste de l'art australien contemporain, expert C.N.E.S. en art aborigène, a créé en 1996 la galerie Arts d'Australie · Stephane Jacob en France à Paris dans le XVIIe arrondissement. Expert en art aborigène.
Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.) -
Membre du Comité Professionnel des Galeries d'Art -
Officier honoraire de l’Ordre d’Australie
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