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25 novembre 2013 1 25 /11 /novembre /2013 10:57

Nous avons appris la triste nouvelle de la mort de N. NAPURRULA le 9 novembre 2013 (* NB : En signe de respect, il est de coutume dans la tradition aborigène de ne pas citer le prénom des personnes défuntes pendant une période définie).

Peintre aborigène majeure, elle avait été l’une des artistes choisies pour décorer les plafonds du musée du quai Branly. On peut voir son œuvre au 1er étage du bâtiment donnant sur la rue de l’Université.

NAPURRULA est également représentée dans les collections du Musée des Confluences à Lyon.

Membre de la communauté artistique de Kintore, N. NAPURRULA était née aux environs de 1938 et appartenait donc à la première génération des peintres aborigènes qui à partir des années 1970 firent connaître l'art du désert. Elle témoignait aussi du fait que cette activité, d'abord réservée à des hommes, avait rapidement été partagée par des femmes sur le modèle de ce qui se pratiquait à Utopia – où les ateliers de batik à l'origine de la peinture dans cette communauté étaient au contraire sous la responsabilité de femmes qui reproduisirent peu à peu sur toile les motifs qu'elles dessinaient à l'origine pour l'impression sur tissu.

Originaire du Désert de Gibson, N. NAPURRULA se fixa à Papunya avec d'autres membres de l'ethnie pintupi chassée de ses territoires ancestraux par la politique gouvernementale de déplacement des populations aborigènes dans des réserves situées dans le désert central. Son époux Yala Yala Gibbs TJUNGURRAYI était d'ailleurs un des pères fondateurs de l'école de Papunya au sein de laquelle il imposa les motifs hérités de la légende des Hommes Tingari – ces Grands Ancêtres qui, au Temps du Rêve, parcouraient le continent australien en compagnie de leurs femmes et de jeunes apprentis qu'ils initiaient. A chacune de leurs haltes, ils fondaient un site devenu sacré et instauraient des cérémonies que les Aborigènes célèbrent encore aujourd'hui en leur mémoire.

Au cours de celles-ci, on danse, chante et dessine traditionnellement sur le sol des peintures évoquant le périple de ces Ancêtres Tingari, par exemple sous la forme de labyrinthes abstraits ponctués de représentations de sites rituels. C'est de ces motifs que s'inspirait Yala Yala Gibbs TJUNGURRAYI. A partir de la fin des années 1980, il commença à enseigner à son épouse le sens de ces motifs et elle l'aida dans la réalisation de ses œuvres avec ses deux autres épouses. C'est à l'issue de cette période d'"initiation" artistique et mystique que N. NAPURRULA se mit à peindre des œuvres personnelles : en 1995, au sein de la communauté de Kintore qui commençait alors de connaître son plein développement.

A la mort de son mari, en 1998, sa production augmenta de manière spectaculaire et son style gagna en force pour atteindre son état actuel où d'audacieuses intrications de lignes se détachent sur de denses aplats monochromes pour dessiner des motifs rappelant les premières œuvres de TJUNGURRAYI. Ceux-ci sont cependant propres à des rites féminins. Ils évoquent en particulier des figures de femmes enceintes symbolisant et célébrant des rites de fécondité.

Comme tous les centres d'art, Papunya Tula Artists (PTA) avec qui N. NAPURRULA peignait est très impliqué dans la lutte contre les maladies dont sont atteints les Aborigènes, notamment les problèmes de reins dont était atteinte N. NAPURRULA. C'est pour cela que PTA participe financièrement à la bonne marche du "Purple Truck", un camion contenant un appareil d'hémodialyse qui sillonne le désert central pour soigner les aborigènes malades des reins, évitant ainsi aux dyalisés d'avoir à quitter leur territoire, ce qui leur permet de pouvoir continuer d'enseigner l'histoire de leur peuple et leur culture aux plus jeunes. C'est d'ailleurs une oeuvre de N. NAPURRULA qui est peinte sur ce camion.

Pour faire une donation ou avoir plus d'informations sur le Purple Truck, visitez le site du Western Desert Dialysis Appeal : www.westerndesertdialysis.com/about

Stéphane Jacob dirige la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob. Expert en Art Aborigène, Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.), co-auteur du catalogue des collections du musée des Confluences de Lyon et du livre "La peinture aborigène". Il est signataire de la charte d’éthique australienne Indigenous Art Code, il s’attache depuis 1996 à faire connaître l’art et les artistes contemporains d’Australie.

N. NAPURRULA, "Sans titre", Acrylique sur toile, 153 x 122 cm, 2007

N. NAPURRULA, "Sans titre", Acrylique sur toile, 153 x 122 cm, 2007

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3 janvier 2013 4 03 /01 /janvier /2013 09:00

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"L'art de Papunya Tula, communément appelé «dot painting», est reconnu internationalement. M. Patterns raconte l'histoire de Geoff Bardon qui, de concert avec les artistes Papunya, a servi de catalyseur à ce que beaucoup considèrent comme l'un des plus grands mouvements artistiques du 20e siècle. Posté en tant que professeur d'art dans la Communauté de Papunya, établie par le gouvernenment dans le désert de l'Australie occidentale, le jeune  Bardon a trouvé plus de 1000 Aborigènes vivant dans un état de déchéance totale, leur culture ayant été systématiquement anéantie par une politique d'assimilation. Il a encouragé les gens à peindre leurs dessins traditionnels, utilisant des matériaux occidentaux plutôt que de copier l'imagerie européenne. A partir de projets de classe des enfants dans les années 1970, il s'est ingénié à proposer aux anciens de peindre eux-mêmes les légendes se rapportant à la culture pluri-millénaire de leur peuple. Au mépris des autorités blanches, Bardon a également encouragé les artistes à commercialiser leurs oeuvres, pensant que par la vente de peintures, les Aborigènes pourraient devenir peu à peu indépendants financièrement.
Quand Bardon a quitté la communauté à la mi-1972, les artistes aborigènes avaient créés leur propre coopérative et le mouvement révolutionnaire de l'art aborigène contemporain était né.
Mais pour Bardon, le coût personnel fut énorme. en effet, Bardon se trouva bientôt au centre d'une diffamation au vitriol fomentée par la population blanche australienne qui pensait que les Aborigènes devaient rester à leur place.

En utilisant des images d'archives fascinantes prises par Bardon lui-même, les cinéastes présentent une histoire fascinante d'un drame personnel et politique. M. Patterns est un voyage au cœur d'une communauté d'autochtones et un exposé de la division raciale dans l'Australie moderne."

 

Source : www.der.org/films/mr-patterns.html

Cliquez ici pour trouver le document d'aide pédagogique (en anglais) associé au film :
http://www.der.org/resources/study-guides/mr-patterns-study-guide.pdf
 

Retrouvez toutes les oeuvres provenant de Papunya Tula Pty Ltd sur notre site

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Présentation

  • : Le blog de la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob, Paris
  • : Stéphane Jacob, diplômé de l'Ecole du Louvre, spécialiste de l'art australien contemporain, expert C.N.E.S. en art aborigène, a créé en 1996 la galerie Arts d'Australie · Stephane Jacob en France à Paris dans le XVIIe arrondissement. Expert en art aborigène. Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.) - Membre du Comité Professionnel des Galeries d'Art - Officier honoraire de l’Ordre d’Australie Retrouvez-nous sur www.artsdaustralie.com
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