(Kathleen Petyarre, "Le Rêve du Lézard Sauvage", Collection Musée des Confluences, Lyon)
Suite du post sur la collection Kaplan & Levi.
Ces deux collectionneurs américains passionés d'art aborigène ont fait dont d'une oeuvre de Kathleen Petyarre au Metropolitan Museum de New York. Cett artiste occupe une place importante dans la peinture aborigène contemporaine : née au début des années 1940 elle appartient en effet à la génération qui a participé au développement de celle-ci, à Papunya, Yuendumu, puis dans le reste du désert australien à partir de 1970. Elle-même est originaire du territoire Atnagkere situé au Nord-est d'Alice Springs et c'est à la fin des années 1970 qu'avec un groupe de femmes d'Utopia elle apprit tout d'abord la technique du batik avant de confier à la toile les motifs secrets hérités du Temps du Rêve, tout en animant des mouvements de revendication territoriale alors en plein essor. C'est ainsi qu'elle participa tout d'abord à des expositions collectives de batik (1980 : Utopia Batik, Mona Byrne's Artworks Gallery, Alice Springs) puis de peintures (en 1989 pour la première et depuis régulièrement aussi bien en Australie qu'aux Etats-Unis – Boston, en 1990 ; Passadena, en 1990 etc – et en Europe – Allemagne, Pays-Bas, etc.). Sa première exposition personnelle en Australie date de 1996 et depuis son talent n'a cessé de s'affirmer comme en a témoigné, par exemple, la grande exposition de 2001 "Genius of the place" commentée par le livre-catalogue éponyme de Christine Nicholls et Ian North. Reconnue comme une des plus grandes artistes aborigènes, Kathleen Petyarre a également reçu de nombreuses distinctions telles le Vizy Board Prize en 1997, le People's Choice Award en 1998, etc.
Tout au long de sa vie, Kathleen Petyarre est retournée régulièrement dans sa communauté d'origine où elle initiait les femmes du clan à l'art de peindre. Elle est en effet la gardienne d'un mythe hérité du Temps du Rêve, celui de la Femme-Lézard Arnkerrth, dont les lézards du déserts appelés "Moutain Devils" (à cause de leurs piquants semblables à des cornes) sont l'incarnation actuelle. Arnkerrth, gardienne de mines d'ocres servant à réaliser des peintures corporelles ou sur sol, est aussi une divinité législatrice qui a fixé les règles de vie pour les femmes du clan de l'artiste. C'est donc un devoir pour celle-ci de la célébrer en organisant des cérémonies religieuses mais aussi en réalisant des peintures évoquant ses déplacements dans le désert et les sites devenus sacrés où elle s'est arrêtée.
Nous sommes fiers d'avoir fait découvrir en France le travail de Kathleen Petyarre et d'avoir facilité l'entrée d'une de ses oeuvres majeures dans les collections du musée des Confluences. Cette oeuvre est d'ailleurs reproduite dans "Aborigenes. Collections australiennes contemporaines du Musée des Confluences (Lyon)" co-écrit par Wally CARUANA, Barbara GLOWCZEWSKI, Pierre GRUNDMANN, Stéphane JACOB, Jessica de LARGY HEALY, Arnaud MORVAN.
Kathleen Petyarre nous a fait la joie de venir commenter en public en 2010 pendant le Parcours des Mondes (voir photos) une de ses oeuvres et de nous parler de son territoire sacré avant d'entamer une résidence d'artiste à Daoulas à l'occasion de l'exposition "Grand Nord-Grand Sud. Artistes Inuits et Aborigènes", à l'Abbaye de Daoulas (Bretagne) montée en collaboration avec le musée des Confluences. Une vidéo avait été tournée à cette occasion montrant Kathleen et sa petite-fille, Abie Loy, en train de peindre (visionner la vidéo ici).
Lire sur le site du MET l'annonce de l'arrivée de huit peintures aborigènes.
Voir des oeuvres des artistes d'Utopia.
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