L'art aborigène à Art Paris Art Fair 2018, Grand Palais, stand A2
L'art aborigène contemporain et l'art des Insulaires du détroit de Torres seront à l'honneur sur le stand de la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob qui présentera plus de 80 oeuvres.
Du jeudi 5 au dimanche 8 avril 2018 Art Paris Art Fair 2018 Grand Palais - Paris 8ème Stand A2
Horaires : Jeudi 5 avril de 11h30 à 20h Vendredi 6 avril de 11h30 à 21h Samedi 7 avril de 11h30 à 20h Dimanche 8 avril de 11h30 à 19h
Originaire de Yuendumu dans le désert central australien, Helen Reed Napangardi évoque avec cette œuvre le Rêve de Mina Mina qui appartient aux femmes Napangardi et Napanangka, deux clans féminins du groupe des Warlpiri.
Cet épisode se produisit au « Temps du Rêve » - temps mythique de la création du monde pour les Aborigènes - dans la région sacrée de Mina Mina, à l’ouest de Yuendumu. Alors qu’un groupe de femmes Ancêtres de tous âges ramassait de la nourriture et collectait de la ngalyipi (ou vigne-serpent, sorte de liane qu’on utilise comme une cordelette pour accrocher des sacs sur ses épaules ou même comme remède contre les maux de tête) tout en célébrant des cérémonies, des bâtons à fouir (karla-ngu) sortirent du sol. Elles s’en saisirent puis continuèrent leurs pérégrinations en dansant et en créant des sites sacrés - rochers, points d’eau, etc. - tout au long de leur voyage mythique qui les emmena très loin des limites de leur territoire clanique, jusque dans le Queensland.
Les symboles peints sur la toile font référence aux différents épisodes de l’histoire. Ainsi, les lignes sinueuses qui entourent les formes oblongues sur le tableau représentent la ngalyipi, tandis que les cercles concentriques symbolisent les truffes du désert.
Comme la plupart des artistes du Désert Central, Helen Reed a recourt à la technique du "dot painting" (ou « pointillisme ») propres aux toiles « satellitaires » du désert. À l’origine, ces pointillés servaient à souligner les contours des objets et des lieux représentés. Sur toile, leur usage a vite été systématisé au point de devenir la « marque de fabrique » de la peinture aborigène contemporaine. Dans le même temps, chaque artiste propose sa version du pointillisme, et la maîtrise de cet art est devenue aussi l’un des critères d’appréciation des œuvres.
Vous pouvez voir cette peinture pointilliste ainsi que d'autres oeuvres aborigènes dans la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob, Paris. Prendre un rendez-vous.
eroa, acronyme, n'est pas échappé d'un idiome préhistorique mais nomme un lieu commun à tous au cœur de l'établissement pour accueillir l'Autre et devenir hôte.
L'espace rencontre avec l'œuvre d'art (eroa) est pensé pour recevoir, deux fois par an, une exposition qui, par la présence de l'œuvre, et de l'artiste parfois, offre aux élèves, aux individualités naissantes, de croiser d'autres regards, d'autres histoires pour qu'à leur écoute chacun puisse se grandir dans le dialogue.
Rencontre entre l'œuvre et le collectif, rencontre entre l'œuvre et l'intime. Ainsi se posent des amers, des semis qui font ou feront le parcours de découverte et d'apprentissage de chaque élève se faisant hôte en s'ouvrant à l'Autre.
Dès l'ouverture de la porte, la tête se met à l'envers, prend la tasse dans un passage pour l'autre bout du Monde. Très vite, le regard se rassure en reconnaissant des formes animales, mais il n'en reste pas moins que d'étranges créatures promènent leurs silhouettes et regards en parallèle des premiers pas dans l'espace, où l'inconnu prédispose à l'écoute pour ne pas rester à l'écart.
Chaque élève entrant a, par le travail plastique mené en amont, des clés pour entrer en dialogue avec les œuvres en volume de l'Art Aborigène.
Les plus jeunes des collégiens retrouvent une figure connue de la conquête du feu : Chikka-Bunnah par le truchement des Bagu. Cet esprit du feu, créateur des étoiles filantes dans le firmament du Temps du Rêve, a été représenté en volume par les élèves. Le choisissant lui ou, en contrepoint, notre classique Prométhée, la clé opère et les jeunes 6ème écoutent l'origine des Bagu, les usages et abordent la mémoire transmise par les artistes contemporains.
Ces mêmes Bagu intriguent les élèves de 5ème qui perçoivent leur caractère d'objet usuel, du quotidien. Mais ces élèves, ayant travaillé sur l'esthétisation d'un objet de leur quotidien pour qu'il devienne un objet d'art ne s'y trompent pas et mesurent le travail des artistes par le surcroît de sens conféré à l'objet. Les artistes se sont éloignés de l'objet en bois initial permettant pour l'homme aborigène responsable de la communauté de maîtriser le feu si précieux et utile à la vie. Le statut d'objet d'art que les élèves ont parfois atteint dans leurs réalisations les éveille à l'art présent chez les Bagu qui sont œuvres à part entière en évoquant la mémoire d'un geste, en incarnant un récit pour que la loi qui subsiste soit transmise et puisse concourir à l'équilibre des forces de la nature et des grands ancêtres.
Mais, il n'y a pas que les Bagu dans l'exposition qui peuvent retourner au visiteur son regard. Un Mimih et deux séduisantes Yawkyawk semblent en conversation tout en ne semblant pas se soucier plus que cela de notre présence humaine.
Les élèves de 3ème reprennent la piste des chants commencée par eux au travers des peintures aborigènes exposées deux ans auparavant. A peine une seconde dans la conscience au monde de la Culture Aborigène, mais presque déjà une éternité pour les élèves habitués à la vitesse du monde occidental, habitués au renouveau du présent toujours actualisé où la minute passée est déjà de l'oubli, perte, sauf à être sauvée par la mémoire si l'individu y trouve son intérêt individué, loin d'un sentiment et d'une conscience collectifs.
Cependant, les élèves relèvent les peintures couvrant les corps étrécis, s'étonnent de ne pas retrouver le Dot Painting des peintures de Papunya, du désert central. Les Rarrk des peintures dites au " rayon x " sur écorce n'étaient pas présentes dans la précédente exposition, mais les élèves se souviennent de l'importance des peintures corporelles explicitées par Valérie Mégard dans son film " Sur les traces de la fourmi à miel ".
Ils réalisent alors que ces personnages filiformes ont des traits presque humains : gros nez, yeux et bouche...et par le visage, cette fenêtre au monde, les élèves se demandent qui sont ces êtres à petits bras, jambes courtes à la limite de la queue de poisson. Ils ne savent pas si bien dire, et ne se doutent pas que ses créatures qu'ils contemplent composent un peuple voisin des aborigènes, peuple présent sur terre bien avant eux et qui par le partage d'une même langue, lors sans doute d'une nuit sans vent, a transmis aux hommes élus, initiés, bien des savoirs pour survivre : l'art de la chasse par exemple mais aussi celui des chants. Mais également la conscience d'être au Monde, de savoir ce qui y vit, ce que l'on peut lui prendre et ce que l'on doit lui rendre. Ne rien voler à la nature, ne prélever que le nécessaire, ne pas abuser de ce qu'elle offre sous toutes ses formes végétale, animale ou minérale.
Sculpture aborigène Yawkyawk
Un secret s'ébruite dans l'échange, deux de ces trois créatures sont des jeunes femmes, menues, sans formes féminines évidentes mais arborant une queue de poisson. Ou plus précisément un corps animal des eaux magiques, des lieux sacrés, un corps animal qui se satisfait d'une part humaine. Créature séductrice qui la nuit abandonne son appendice pour des jambes, pour voyager sur terre et parmi les hommes.
La séduction du récit enchante, les élèves se laissent porter par le Rêve aborigène. Eux qui pourtant ont confectionné des êtres à mi-chemin entre la sculpture, le volume et la marionnette pour donner un semblant de vie à une créature imaginaire enfuit d'un monde contigu, pas toujours effrayante mais souvent monstrueuse. La forme minimale, la sobriété des sculptures Mimih et yawkyawk intriguent, les élèves mesurent l'écart entre le foisonnement de leurs créatures et la quasi invisibilité des trois figures qui occupent, habitent nos esprits par leur présence.
Quant aux élèves de 4ème, eux aussi précédemment marcheurs des chants de piste, ils s'étonnent de la présence d'animaux marins quand la précédente exposition livrait plutôt les empreintes du varan ou de l'abdomen de la fourmi à miel. Les méduses, le Milk fish sont faits de filets de pêche, des résidus de l'exploitation industrielle de la mer. Les Ghostnets incarnent une faune qu'il faut protéger, défendre avant qu'elle ne disparaisse réellement et que les eaux, les rivages, ne soient plus que fantôme d'eux-mêmes.
Les artistes aborigènes donnent vie artistique aux animaux de la mer dont certains sont leurs ancêtres et ils luttent pour que survive leur Culture et que les déchets se convertissent en œuvres témoins. Bien au-delà d'une prise de conscience écologique, ils veillent à l'équilibre des sites mais aussi à la mémoire des grands ancêtres, à vivre une philosophie du Monde avec la pleine conscience d'en faire partie. Conscience que la société occidentale a pour partie étouffée, oubliée pour d'autres idéaux, dogmes mais en s'éloignant du matriciel rapport à la nature, au sol, aux éléments, au point de devoir tenter d'en retrouver le chemin par le politique.
Les élèves de 4ème n'ont pas réalisé d'animaux en volume mais des instruments de musique en matériaux de récupération. La musique est prégnante dans leur quotidien, elle leur permet d'expliquer son importance et son rôle dans la Culture Aborigène, ainsi que la danse qui paraît dans la présence de la coiffe de danse " requin marteau " de Ken Thaiday Snr.
Coiffe cérémonielle - Beizam, le Requin-marteau
Les élèves saisissent, tout à la fois, la pensée aborigène et la réalité écologique, la nécessité de protéger notre Monde qui ne peut plus être interprété comme immuable et la nécessité de repenser même la notion de déchet, de résidus. Sous bien des aspects, nous sommes au chevet de la nature et espérons que les Ghostnets ne seront pas les derniers témoins d'une vie marine…
La magie de cette exposition est qu'elle nous fait quelque peu passeur, relais du savoir mis en partage par Stéphane Jacob au travers de la beauté des œuvres qu'il nous a confiées pour que l'on transmette, en toute humilité, un pan de la Culture Aborigène. On entre dans le chant de cette exposition sans imaginer combien elle va nous conter la vie, repousser nos frontières et interpeller nos regards. L'on sort grandi de la rencontre, car notre monde n'est plus si étroit, du moins espérons-le. Et parions que si découvrir l'Autre est un étonnement, cela soit aussi l'accueil de son altérité.
Enfin, si l'exposition parle tant aux regardeurs qui s'y aventurent, c'est qu'ils perçoivent un chant du volume. Le chant du volume mène le regardeur sur d'autres pistes qui le révèle à soi-même.
Les ghost nets ou " filets fantômes " sont des rebuts de filets de pêche dérivants perdus ou abandonnés par des chalutiers qui sévissent dans les eaux internationales au nord de l'Australie. Ces filets dérivent le long des côtes indonésiennes, de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d'Australie et échouent sur les rivages détruisant la faune et la flore marine.
Comme les mines antipersonnel, ceux-ci continuent de capturer des espèces marines dont beaucoup sont en danger, comme les tortues, les requins, les dugongs, les crocodiles, les baleines, etc.
Pour les populations autochtones ces animaux sont non seulement une source importante de nourriture mais aussi, dans bien des cas, la représentation de figures d'ancêtres familiaux.
Afin d'alerter l'opinion publique, les artistes aborigènes et insulaires du détroit de Torres se sont mobilisées depuis 2009 créant un nouveau mouvement artistique, celui des sculptures en ghostnet. Les artistes se sont appropriés ces "filets fantômes" et les ont incorporés dans leurs créations artistiques.
Le mouvement du Ghostnet Art a acquis une large reconnaissance comme en témoigne l'acquisition de pièces par des institutions majeures telles que le British Museum, la National Gallery of Australia, l Australian Museum, le Musée Ethnographique de Genève, etc.
Parmi ces communautés autochtones touchées par ce fléau : Pormpuraaw. Pormpuraaw est une communauté isolée de la côte ouest de la péninsule de Cap York (Queensland) où vivent environ 700 aborigènes. C'est un sanctuaire pour les langues et les cultures autochtones. Les peuples aborigènes qui y habitent ont enduré de nombreuses difficultés et désavantages sociaux.
Pormpuraaw Arts & Cultural Centre Incorporated est une organisation à but non lucratif. Sa mission est de sortir les gens de la pauvreté en leur proposant des opportunités. Elle mène des projets et des programmes pour l'éducation des jeunes, l'emploi, la formation, le maintien de la langue et de la culture autochtones et le développement d'une industrie d'exportation.
Les artistes de Pormpuraaw créent des sculptures à partir des détritus de l'industrie de pêche commerciale, à la fois pour recycler les déchets récupérés et sensibiliser le grand public aux conséquences délétères qu'ils ont sur l'environnement et la faune marine. Ils parmi les plus actifs dans ce domaine. Les expositions de leurs oeuvres montées par la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob en Europe et aux Etats-Unis, largement relayées par les médias, ont permis au grand public de découvrir cette catastrophe environnementale. Aujourd'hui, les artistes aborigènes du Pormpuraaw Art & Culture Centre ont besoin de vos dons pour continuer leur action.
Salon d'Art Tribal et Exposition itinérante d'art aborigène aux USA
La San Francisco Tribal & Textile Art Fair a invité la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob & la Suzanne O'Connell Gallery à présenter leur exposition itinérante "Australie : la défense des océans". (+ d'info en anglais sur le site de la foire)
Cette installation pour laquelle 18 sculptures ghostnet ont été spécialement créées par les artistes de Pormpuraaw Art Centre (Queensland) afin d'être exposées au siège de l'ONU à New York puis à l'University of Virginia, (Charlottesville) a été conçue afin d'alerter le public sur le drame que représentent les filets de pêche dérivants abandonnés - ou filets fantômes - dans l'hémisphère sud qui mettent en péril de nombreuses espèces marines (+ d'info).
Une cagnotte en ligne a été lancée afin d'aider les artistes du Pormpurraaw Art Centre à poursuivre leur démarche artistique dédiée à la préservation de la faune et de l'environnement marin sur leurs côtes. + d'info sur cette cagnotte
Stéphane Jacob, expert en art aborigène, et Suzanne O'Connell présenteront également une sélection d'oeuvres d'artistes aborigènes contemporains.
Une peinture de l'artiste aborigène Shanna Williams
Shanna Williams évoque avec cette toile le Rêve de l’Eau. La légende dit qu’au Temps du Rêve, un Ancêtre parti du nord-ouest de Yuendumu alla à Mikanji et déclencha une énorme tempête. Deux vieilles femmes aveugles levèrent leurs yeux vers le ciel et se mirent à pleurer, créant ainsi la pluie. Pour les Aborigènes, leurs esprits sont encore présents sur ce lieu sous la forme de deux arbres (gommiers rouges) que l’on peut voir près des marais.
L’artiste a choisi de représenter cette légende en peignant simplement des marécages vus du ciel qui sont la conséquence des pluies.
Le magazine suisse COTE MAGAZINE parle de l'exposition AUSTRALIE : LA DÉFENSE DES OCÉANS - L'ART DES GHOSTNETS à l'UNIVERSITÉ DE GENÈVE, du 8 novembre 2017 au 12 janvier 2018
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Le blog de la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob, Paris
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Stéphane Jacob, diplômé de l'Ecole du Louvre, spécialiste de l'art australien contemporain, expert C.N.E.S. en art aborigène, a créé en 1996 la galerie Arts d'Australie · Stephane Jacob en France à Paris dans le XVIIe arrondissement. Expert en art aborigène.
Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.) -
Membre du Comité Professionnel des Galeries d'Art -
Officier honoraire de l’Ordre d’Australie
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