Originaire de la communauté de Yuendumu dans le Désert Central, Zenaida Gallagher Nampijinpa représente avec cette toile le Rêve de l’Emeu.
Ce Rêve appartient à différentes tribus et illustre la complexité des structures sociales du désert ; en effet, celles-ci reposent sur un système de parenté qui donne à chaque membre de la société une place dans l’un des huit groupes possibles de filiation. Ces groupes sont classés deux par deux, chaque paire assurant conjointement la préservation des thèmes de l’art : la terre, les cérémonies et les rêves. Ce tableau relate une histoire qui appartient à deux groupes jumelés masculins, les Jangala et les Jampijinpa, et à deux groupes jumelés féminins, les Nampijinpa et les Nangala (le clan de l’artiste).
La légende dit qu’un ancêtre émeu (Yankirri) voyagea jusqu’à Ngarlikurlangu pour aller s’abreuver dans un trou d’eau (cercle concentrique au centre de la toile) où il rencontra l’outarde (un oiseau) avec qui il combattit pour se nourrir de raisins (Yakajirri) que les deux ancêtres convoitaient. Les formes en flèche représentent les traces de pas de l’Emeu sur le sol.
Gracie Morton Pwerle est née dans les années cinquante dans la région d’Utopia, à 250km au nord-est d’Alice Springs. Sa famille est composée d'artistes parmi les plus populaires de la scène artistique aborigène : Gloria Petyarre, Kathleen Petyarre (c.1930-2018) ou encore Emily Kame Kngwarreye (c.1910-1996) qui reste à ce jour l’artiste féminine aborigène la plus réputée sur la scène artistique internationale.
Les artistes de la communauté d’Utopia se firent d’abord connaître pour leurs oeuvres sur soie créées selon la technique indonésienne du batik qui consiste à appliquer de la cire sur un support textile avant de le teindre. C’est avec ce média que Gracie fit ses premières gammes dans les années 80 avant de s’orienter vers la peinture à l’acrylique et de devenir elle-même une artiste réputée.
Les milliers de pointillés qu’elle appose méticuleusement sur ses oeuvres forment des lignes qui, à la manière de courbes de niveau, cartographient son territoire vu du ciel. Ces lignes symbolisent également les branches d’un buisson sur lequel pousse des prunes sauvages (Amwekety) qu’elle-même et les femmes de sa famille viennent récolter l’hiver. Au fil des mois, l'Amwekety revêt différentes couleurs que l’on décèle en observant de près les toiles de l'artiste.
Ce fruit est sacralisé par les Aborigènes qui lui associent une légende connue seule des initiés.
Collections publiques (sélection)
National Gallery of Australia, Canberra
National Gallery of Victoria, Melbourne
Art Gallery of South Australia, Adelaide
Art Gallery of Western Australia, Perth
Museum and Art Gallery of Northern Territory, Darwin
Queensland Art Gallery, Brisbane
Robert Holmes à Court-Sammlung, Perth
Art Bank, Sydney
Justinna Sims NAPALJARRI , "Star or Seven Sisters Dreaming"
Justinna Sims illustre avec cette toile le Rêve des Sept Soeurs qui sont incarnées par sept étoiles connues aussi sous le nom des Pléiades. En effet, si les Aborigènes qui vivent dans le désert sacralisent ce qui s'y trouve : réserves d'eau, montagnes, lacs salés, grottes, etc., ils trouvent dans le ciel d'autres supports à leurs légendes sacrées.
Les Pléiades sont sept femmes du clan Napaljarri souvent représentées dans les peintures en train de porter un homme Jampijinpa qui est amoureux d’elles. Mais un autre individu du groupe Jakamarra, personnifié par l’Etoile du Matin, est également épris d’elles et est généralement peint en train de les poursuivre dans le ciel.
Associé à ce Rêve des Sept Soeurs on trouve aussi l’étoile Vénus - l’Etoile du Soir - qui poursuit les Pléiades pour lui avoir volé la nuit.
Les échidnés, ces petits mammifères qui ressemblent à s’y méprendre à un hérisson au nez très long, sont bien plus différents de ces créatures que l’on trouve dans nos contrées. En effet, ils ont une différence de marque avec eux puisqu’ils pondent des œufs, comme les ornithorynques ! Une autre de leur particularité est de ne pas avoir de dent, tout comme les baleines, les pangolins ou les fourmiliers.
On ne trouve ces animaux qu’en Nouvelle-Guinée et en Australie, notamment dans la région d’Aurukun (Nord du Queensland) où depuis des temps immémoriaux les hommes sculptent les animaux de leur environnement car ils les considèrent comme des êtres totémiques.
Ce n’est que depuis les années années quatre-vingt que ces oeuvres sont commercialisées et leur apparence n’a cessé d’évoluer grâce à des artistes comme Roderick Yunkaporta qui utilise constamment de nouvelles techniques de sculpture.
Ainsi, au lieu de tailler dans la masse des pièces qu’il aurait pu assembler par la suite comme il est de coutume à Aurukun, l’artiste a pour cette oeuvre fixé des bâtonnets à une pièce préalablement sculptée.
Paddy Stewart Tjapaltjarri, " Walawurru Eagle Dreaming"
Né à Mungapunju, au sud de Yuendumu, Paddy Stewart fut l’un des pionniers de l’art contemporain aborigène. En effet, il faisait partie des quelques initiés aborigènes qui à Papunya, au début des années dix neuf cent soixante-dix, décidèrent de peindre certaines des légendes - ou Rêves - dont ils étaient gardiens afin de faire reconnaître leur culture jusque là méprisée par les autorités australiennes. Il décida de s’installer par la suite à Yuendumu, à 100 km au nord de Papunya.
C’est là qu’un groupe de hauts dignitaires aborigènes, dont faisait partie Paddy, décidèrent de peindre des motifs sacrés ancestraux sur des portes. Sur les trente portes peintes, dix-huit le furent par Paddy.
En 1989, à l’occasion de l’exposition “Les magiciens de la Terre” (Centre Georges Pompidou & Halle de la Villette, Paris), il fut invité par Jean-Hubert Martin avec d’autres artistes aborigènes afin de créer une peinture sur sol monumentale à l'image de celles qu'on peignait traditionnellement dans les régions désertiques australiennes à l’occasion de cérémonies sacrées. Le retentissement de cette exposition devenue depuis culte car elle donnait enfin aux artistes non occidentaux le statut d'artistes contemporains, permit à l’oeuvre de Paddy d’être reconnue à l’international et à ses toiles d’intégrer de prestigieuses collections publiques, dont voici une liste réduite :
•Seattle Art Museum, U.S.A.
•Art Gallery of New South Wales, Sydney
•Art Gallery of Western Australia, Perth
•Art Gallery and Museum, Kelvin Grove, Glasgow, Scotland
•Flinders University Art Museum, South Australia
•Museum & Art Gallery of the Northern Territory, Darwin
•National Gallery of Australia, Canberra
•National Gallery of Victoria, Melbourne
•Newmont Mining, U.S.A.
•South Australian Museum, Adelaïde
•Aboriginal Art Museum, Utrecht
Avec l'oeuvre reproduite ici ("Walawurru Eagle Dreaming") l’artiste illustre une légende de son peuple selon laquelle un aigle installa son nid dans le site sacré de Yuwarli (nord de Yuendumu). Nous n’en savons pas plus sur cette histoire connue seule des initiés. Néanmoins on peut reconnaître au centre de la toile le nid de l’ancêtre vu du ciel, ainsi que les empreintes de ses pattes tout autour.
Marcus Diljamara Pascoe, Warraburnburn, Bois et pigments naturels, 163 x 10 x 9 cm, 2020
Cette sculpture de l'artiste aborigène Marcus Diljamara Pascoe est la représentation d’un “Warraburnburn” ou “esprit fantôme” auquel les habitants du centre de la Terre d’Arnhem croient.
Ces esprits ont de nombreux traits communs avec les humains : comme eux, ils sortent en famille pour aller chercher de la nourriture hors de leur campement. Les esprits mâles pêchent alors que leurs femmes s’occupent de la cueillette.
Toutefois, les Warraburnburn sont nettement plus grands que les humains et sont dotés de pouvoirs surnaturels.
Ce sont ces esprits que les danseurs incarnent lors du dernier acte d’une cérémonie funéraire. Cette danse a alors valeur d’adieu final fait au défunt par sa famille.
Les artistes peignent toujours le corps des Warraburnburn en blanc, une des caractéristiques qui les différencient des esprits Mimih, autres esprits de la région.
Dorothy Napangardi nous a quitté en 2013. Elle tient une place toute particulière dans l’histoire de l'art aborigène contemporain de par son style unique basé sur la sensation de mouvement qu'elle imprimait à ses toiles, comme on peut le voir avec cette peinture. On trouve aujourd'hui ses oeuvres dans les plus grands musées australiens, ainsi qu'en Europe au musée des Confluences de Lyon, aux Etats-Unis au MET de New York, etc.
Dans cette œuvre monumentale, elle évoque le déplacement des Femmes Ancêtres Napanangka et Napangardi qui se rassemblèrent dans la région de Mina Mina. Sur un lac d’eau salée asséché elles ramassèrent des bâtons à fouir sortis de terre, puis partirent vers l’Est dans une procession mystique, chantant et dansant le long des différentes pistes de Rêves qui s’entrecroisent, mais c’est avant tout la sensation du vent sur les dunes de sable qui prédomine ici et offre au regard un aspect ondulatoire et très poétique.
Les œuvres d’Ampilatwatja témoignent d’une grande maîtrise du « dot painting » par leurs créatrices. Mais elles font aussi appel à d’autres méthodes, comme celle qui consiste à utiliser une aiguille comme pinceau, technique héritée du batik sur soie qui fut leur premier moyen de représenter leurs « Rêves » ou légendes.
Comme dans les autres communautés aborigènes, les tableaux sont dédiés à la célébration de leur territoire et des richesses mythiques et naturelles dont il recèle, notamment les graines - symboles de fertilité, thème central de cette oeuvre.
Barbara Long Ngwarraye fait plus particulièrement référence aux graines comestibles de Ntang, un arbre endémique de l’Australie. De nos jours, les Aborigènes étendent une bâche sur le sol et tapent l’arbre pour en faire tomber les graines. Une fois celles-ci ramassées, on les pile dans un mortier à l’aide d’une pierre à broyer (souvent transmise de génération en génération) puis on les mélange à de l’eau afin d’en obtenir un pâton que l’on fera cuire ensuite sous la braise.
Dans cette oeuvre, Leah Sampson représente le site sacré de Pirlinyarnu, situé à 165 km à l’ouest de Yuendumu, auquel est lié le Rêve (Jukurrpa) de l’Eau (Ngapa).
La légende raconte qu’au Temps du Rêve - le temps mythique de la création pour les Aborigènes, deux ancêtres faiseurs de pluie de la famille Jangala appelèrent de leurs chants la pluie et déclenchèrent ainsi un énorme orage. Celui-ci se mêla à un autre orage et se déplaça le long de différents territoires claniques. Il fut saisi par la suite par un ancêtre faucon brun (kirrkarlanji) qui le laissa s’abattre sur Pirlinyarnu où se forma un très grand marais (maluri). Ce marais existe toujours aujourd’hui et lorsqu’il pleut, des centaines de canards (ngapangarla) s’y regroupent.
Comme la plupart des artistes du Désert Central, Leah Sampson a recourt au "dot painting", ou pointillisme, qui s'inspire des peintures sur sol traditionnellement réalisées à l'occasion de cérémonies rituelles.
Le Didjeridoo, est une trompette naturelle.Il s’agit d’une branche d’eucalyptus évidée par les termites.
Le musicien utilise cet instrument en y soufflant autant qu’en y chantant ou en y criant.
Il va jouer sans discontinuer grâce à la technique très complexe de respiration circulaire.
Le musicien produit un son de base dans les tons graves (en bougeant les lèvres), créant une sorte de bourdonnement au-dessus duquel il superpose des sons plus aigus (avec les lèvres serrées), des cris, des sons vocalisés, des imitations d’animaux (oiseaux, dingos...).
Ce didgeridoo exceptionnel est peint de pigments naturels.
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Le blog de la galerie Arts d'Australie • Stéphane Jacob, Paris
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Stéphane Jacob, diplômé de l'Ecole du Louvre, spécialiste de l'art australien contemporain, expert C.N.E.S. en art aborigène, a créé en 1996 la galerie Arts d'Australie · Stephane Jacob en France à Paris dans le XVIIe arrondissement. Expert en art aborigène.
Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.) -
Membre du Comité Professionnel des Galeries d'Art -
Officier honoraire de l’Ordre d’Australie
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