Cette semaine le NAIDOC (National Aboriginies and Islanders Day Observance Committee) fête jusqu'au 14 juillet le cinquantième anniversaire des pétitions sur écorce de Yirrkala.
En 1963, les Yolngus de Yirrkala envoyèrent deux pétitions sur écorce (voir photographies ci-dessous) au parlement australien, dans le but de faire valoir leurs droits fonciers contre des exploitants miniers. Les textes étaient en anglais et en gumatj, une langue yolngu. Il étaient encadrés par des motifs des moitiés Dhuwa et Yirritja. Ces droits ne furent pas reconnus immédiatement, mais les pétitions furent les premiers documents traditionnels reconnus par le Parlement du Commonwealth et facilitèrent le début de la prise de conscience des droits natifs ("native title") des Aborigènes par l'Australie blanche.
Si pour les Aborigènes l’art a toujours eu une dimension religieuse, ces pétitions lui ont donné une dimension politique. La peinture est ainsi devenu une arme culturelle d’affirmation identitaire à destination de l’Australie blanche et de l’Australie noire : « Black is beautiful », « Keep the culture strong », autant de slogans qui clament dès lors la force d’un peuple. L’art étant un médium à l’impact universel, il a accéléré la prise de conscience, en Australie, de la puissance de la culture aborigène.
"Pétition sur écorce de Yirrkala", Parliament House, Canberra; images courtesy National Archives of Australia, Canberra
Stéphane Jacob dirige la galerie Arts d’Australie • Stéphane Jacob. Expert en Art Aborigène, Membre de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés en Objets d’Art et de Collection (C.N.E.S.), co-auteur du catalogue des collections du musée des Confluences de Lyon et du livre "La peinture aborigène". Il est signataire de la charte d’éthique australienne Indigenous Art Code, il s’attache depuis 1996 à faire connaître l’art et les artistes contemporains d’Australie.